lundi 25 décembre 2017

Lettre fraternelle à toi, paisible ami

Salut mon frère. Me permets-tu de t’appeler «mon frère», toi dont la réserve est si sensible, si engagée qu’elle arrive à se réserver elle-même? Car c’est bien ce qui me frappe chez toi: d’aucune manière, ni métaphoriquement, ni littéralement, ni le mot ni la main qui frappe ne font partie de toi. Même ta douceur excelle par sa discrétion. Ta discrétion. Je me sens déjà indiscret.
Au lendemain de cette tuerie, ce dimanche de janvier, à la fin de la prière, ton absence du bureau fut le premier événement du jour. Je te connaissais depuis peu. Mon cœur s’est serré. Des collègues savaient que tu étais présent lors de l’attentat. Le soir même, je m’étais d’abord morfondu sur le sort d’un autre collègue: je savais sa grande piété et son assiduité à la prière. J’ai tremblé d’inquiétude. Par bonheur, il m’a répondu par courriel qu’en ce moment il n’était même pas au pays. Je me suis alors surpris à louer son Dieu, parce que moi, je n’en ai pas… ou je n’en ai plus (tu me pardonneras cette impiété, je n’y peux rien). C’était par élan fraternel que, livré à ses yeux qui me lisaient, j’avais vénéré ce Dieu.

dimanche 10 décembre 2017

L'ethno-différentialisme, ou le néo-racisme comme nouvelle mouvance portée par l'extrême-droite : le cas de La Meute

« Là où l'Islam passe, la civilisation trépasse ». Cet adage qui coiffe en guise de page couverture le compte facebook de Stephane Rock, un parmi les plus actifs des membres de La Meute sur le Web, a de quoi donner des frissons à tout québécois de confession musulmane. Il a cette étrange singularité d'être à la fois la caricature de ce que les porte-paroles du groupe ne cessent de réfuter ("on est pas islamophobe"), et l'indication parfaite de ce qui gît en trame de fond sous l'action et le discours publics de celui que les médias traditionnels ont cessé depuis peu de désigner comme un groupe d'extrême-droite.